L’implémentation d’un programme de Data Literacy a un objectif clair : améliorer la compréhension et l’utilisation des données par les collaborateurs. Cependant, contrairement aux indicateurs traditionnels, mesurer l’efficacité d’un programme de Data Literacy n’est pas toujours quantifiable.
Ces programmes font-ils vraiment la différence ? Vos collaborateurs développent-ils de meilleures habitudes au niveau de la consommation, de la compréhension et de l’application des données dans leur quotidien ? Quels avantages tangibles apportent ces améliorations à l’organisation dans son ensemble ?
Dans cet article, nous allons explorer les questions à poser, les niveaux de maîtrise, et surtout les KPI pour évaluer l'efficacité d'un programme de Data Literacy, tout en abordant les coûts potentiels de ne pas en mettre un en place.
Avant d'aborder les KPI, il est essentiel de faire un diagnostic initial pour évaluer le niveau actuel de Data Literacy dans votre organisation. Voici une liste de questions à poser à vos équipes pour obtenir un aperçu de leur relation avec les données :
Ces questions, bien que non exhaustives, offrent une base pour évaluer la maturité en Data Literacy de votre organisation. Il peut être utile de recueillir ces réponses via un sondage ou des entretiens pour établir une première ligne de conduite avant de lancer des actions.
L'acquisition de compétences en Data Literacy suit généralement une progression à travers cinq niveaux. Ces niveaux permettent de classer les collaborateurs selon leur autonomie dans la manipulation des données et de définir les actions à mettre en place pour les aider à évoluer.
Les employés à ce niveau possèdent une connaissance de base des concepts de données mais ne sont pas encore capables de les exploiter de manière autonome. Ils sont généralement dépendants des autres pour l’analyse ou la prise de décision basée sur les données.
Les collaborateurs commencent à interagir avec les données grâce à des outils simples, comme les tableaux de bord ou les rapports. Ils peuvent interpréter des analyses pré-construites, mais ils ne sont pas encore en mesure de réaliser des analyses approfondies par eux-mêmes.
À ce stade, les employés peuvent collecter, manipuler et analyser des données avec une certaine autonomie. Ils sont capables d’interpréter des jeux de données plus complexes et de réaliser des analyses qui contribuent à la prise de décision.
Les collaborateurs avancés sont capables de gérer des jeux de données complexes, d’effectuer des analyses prédictives et de comprendre les algorithmes. Ils utilisent régulièrement des données pour prendre des décisions stratégiques.
Les experts sont les leaders de la Data Literacy au sein de l’organisation. Ils innovent en matière de gestion des données et de modélisation, orientent la stratégie organisationnelle et partagent leur expertise avec les autres.
Pour mesurer la progression et l’impact d’un programme de Data Literacy, il est essentiel de suivre un ensemble d’indicateurs adaptés.
Ces KPI permettent d’évaluer à la fois les compétences individuelles des collaborateurs et la manière dont l’organisation dans son ensemble adopte une approche data-driven.
Ne pas investir dans un programme de Data Literacy peut avoir des coûts cachés, qui peuvent s’accumuler et peser lourdement sur l’entreprise à long terme.
Voici quelques exemples des coûts potentiels liés à l’absence de ces compétences au sein de l'organisation :
Lorsque les équipes internes manquent de compétences en données, les entreprises doivent souvent recourir à des consultants ou des analystes de données externes pour accomplir des tâches analytiques. Ces services peuvent être coûteux, surtout s’ils sont requis sur une base régulière.
Les employés qui ne se sentent pas suffisamment outillés pour accomplir leurs tâches ou qui ne bénéficient pas de formations adéquates peuvent être plus enclins à quitter l’entreprise. Les coûts liés au remplacement d’employés (recrutement, intégration, formation) sont souvent sous-estimés mais peuvent représenter une somme considérable.
Selon certaines études, le remplacement d’un employé peut coûter entre 30% et 150% de son salaire annuel. Un turnover élevé causé par un manque de compétences internes, comme celles liées aux données, peut affecter non seulement les coûts mais aussi la culture d’entreprise et la continuité des projets.
L'absence de compétences en Data Literacy peut entraîner des erreurs d’interprétation des données, ce qui peut avoir des conséquences coûteuses. Des décisions basées sur des informations incorrectes ou mal comprises peuvent conduire à des échecs stratégiques, des pertes financières et une diminution de la compétitivité sur le marché.
Une faible maîtrise des concepts de sécurité des données et de confidentialité peut exposer l’entreprise à des risques importants de fuites de données, de non-conformité avec les régulations (comme le RGPD) et de sanctions légales. Une fuite de données peut non seulement avoir un impact financier direct, mais aussi nuire à la réputation de l’entreprise.
À savoir que les amendes pour non-respect du RGPD peuvent aller jusqu’à 4% du chiffre d'affaires annuel mondial de l'entreprise, ou 20 millions d’euros, selon le montant le plus élevé.
Lorsque les collaborateurs ne sont pas capables d’exploiter les données disponibles, l’entreprise peut manquer des opportunités stratégiques.
Par exemple, l'incapacité à identifier de nouvelles tendances de marché, des comportements clients ou des inefficacités dans les processus internes peut empêcher l’entreprise de tirer parti de ces insights pour croître ou optimiser ses opérations.
L’évaluation de l'impact d’un programme de Data Literacy repose sur une approche systématique et itérative, en combinant l’observation des comportements des collaborateurs et l’évaluation de leur intégration des compétences liées aux données dans leurs tâches quotidiennes.
Voici quelques étapes clés à suivre :
Avant de commencer l’évaluation, il vous faudra disposer d’un cadre de référence. Ce référentiel repose sur les niveaux de compétence en Data Literacy définis précédemment (novice, intermédiaire, compétent, avancé, expert).
Ce modèle vous permettra de mesurer la progression de chaque employé ou équipe, de manière structurée et cohérente. Vous pouvez pour cela développer une échelle de progression des compétences, avec des critères clairs pour passer d’un niveau à l’autre.
Organisez des études de cas ou des simulations pratiques dans lesquelles les collaborateurs sont confrontés à des scénarios qui nécessitent l'utilisation de données pour résoudre des problèmes. Cela permet d’observer directement comment les équipes appliquent leurs nouvelles compétences dans un contexte professionnel réel.
Les managers jouent un rôle clé dans l’évaluation des compétences de leurs équipes. Encouragez-les à observer régulièrement comment les employés intègrent les données dans leurs prises de décision quotidiennes et dans la résolution de problèmes. Ces observations devraient être formalisées dans un rapport d’évaluation trimestriel, avec des exemples précis d’applications de la Data Literacy dans les projets récents.
Au-delà des évaluations individuelles, organisez des sessions de feedback collectives où les équipes peuvent partager leurs réussites, leurs difficultés et échanger sur les meilleures pratiques en matière d’utilisation des données.
Vous pouvez par exemple mettre en place des ateliers trimestriels où chaque équipe présente un projet récent basé sur l’analyse de données, avec des retours de la direction et des collègues sur la pertinence et l’impact de l’approche data-driven.
Un autre aspect de la Data Literacy est la capacité des équipes à collaborer efficacement autour des données. Évaluez comment les départements partagent et exploitent les données ensemble, par exemple dans le cadre de projets interfonctionnels. La fluidité et la qualité de cette collaboration sont des indicateurs clairs du succès d’un programme de Data Literacy.
Un programme de Data Literacy doit être itératif et adaptable. Il est nécessaire de revoir régulièrement les résultats obtenus, non seulement pour ajuster les objectifs mais aussi pour adapter les formations, outils et ressources offerts aux collaborateurs. Utilisez les données recueillies lors des évaluations, des KPI et des retours qualitatifs pour identifier les lacunes et affiner les processus.
Il n’existe pas de méthode universelle et, en fonction des valeurs de votre organisation, certaines méthodes seront plus utiles que d’autres. Néanmoins, un investissement dans des programmes de maîtrise des données est souvent un investissement avec un retour sur investissement élevé pour les organisations qui souhaitent travailler en s’appuyant sur les données. Disposer de données ne suffit pas. C’est la façon dont l’ensemble de votre organisation peut interpréter et travailler avec les données qui crée le véritable avantage concurrentiel.